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Vacciner un petit élevage de poules pour empêcher l’apparition de maladies

par | Avr 22, 2024 | Coccidiose, Coryza, Gumboro, immunité, Newcastle, Vaccin, Variole

Coq de race Breda

Les propriétaires de bassecour et d’élevage traditionnel vaccinent rarement les poules pour empêcher l’apparition de maladies. Résultat, de nombreux élevages ont des animaux malades avec les mêmes épidémies qui reviennent chaque année. Vacciner un petit élevage de poules a pour but de prévenir l’apparition de maladies infectieuses. En ciblant judicieusement les maladies, la vaccination des poules dans les petites exploitations et les bassecour demeure économiquement accessible.

Coq de race Breda

Avantages de la vaccination

Vacciner un petit élevage de poules améliore le bien-être animal. Les animaux ont beaucoup moins de chance d’attraper des maladies et donc de mourir, les poules correctement vaccinées ont de meilleurs résultats de reproduction avec plus d’éclosions, plus de poussins et plus de jeunes. Enfin, les poussins vaccinés ont une meilleurs croissance, et ils peuvent ainsi atteindre le maximum de potentiel génétique en terme de taille, de conformation et de couleur.

Vacciner les poules améliore aussi le bien-être de l’éleveur. En effet, avoir des animaux en meilleure santé se traduit par moins d’animaux à soigner, moins de morts à ramasser et plus de plaisir à élever ses animaux. Les éleveurs – sélectionneurs qui vaccinent ont plus d’animaux de bonne qualité qui pourront être sélectionnés, conservés, exposés ou vendus. Il y a un avantage économique à vacciner les poules, ce qui participent au bien-être de l’éleveur. Nourrir un élevage de 20 poules coûte 1000 euros par an. En comparaison, un plan de vaccination ne coûte pas cher.

Enfin, la vaccination permet de limiter l’utilisation d’antibiotiques et donc l’apparition d’antibiorésistance. La réduction d’antibiotiques découle du fait que les maladies virales sont généralement associées à des co-infections bactériennes, l’agent pathogène viral agissant comme un déclencheur. Un des exemple typiques est le coryza des poules.

 

Vaccination contre la maladie de Marek

La maladie de Marek est présente de manière endémique sur le territoire. Cette maladie n’affecte que les poules. Le virus est présent partout et se propage via les poussières de plumes. Dans les élevages qui font de la reproduction, la vaccination est très fortement recommandée. La seule façon efficace de protéger les poules contre la maladie de Marek est de vacciner les poussins très tôt à 1 jour d’âge. C’est la raison pour laquelle la vaccination Marek est très contraignante. Ainsi, pour les élevages qui ne maitrisent pas la reproduction avec des petits groupes de poussins qui éclosent régulièrement, la vaccination Marek revient cher. En France, les vaccins commercialement disponible sont imparfaits pour les bassecours : seul le MD VAC LYO (Zoetis) est lyophilisé, les autres doivent être conservés dans l’azote liquide difficile d’utilisation.

En pratique, si il y a un diagnostic de maladie de Marek, il est recommandé de d’abord mettre en place des mesures de bio-exclusion. Cela signifie de limiter au maximum la transmission de virus (via les poussières de plumes) aux très jeunes poussins. Ces derniers seront séparés des adultes pendant au moins les quatre premiers mois de leur vie, ce qui correspond à la période de sensibilité maximale des poussins au virus Marek. De plus, l’éleveur qui a identifié un problème de maladie de Marek devrait rassembler les éclosions pour n’avoir que 2 ou 3 lots par an.

Vacciner un petit élevage de poules contre la maladie de Newcastle

C’est la seule vaccination obligatoire pour les volailles et les pigeons qui participent aux expositions. Il existe des vaccins inactivés et vivants avec AMM pigeon, dinde et/ou poule. Il n’y a pas de vaccin pour les autres espèces de volailles.

Tableau 1. Vaccins Newcastle commercialisés en France avec AMM

Vacciner un petit élevage de poules a pour but de prévenir l’apparition de maladies infectieuses.

Vacciner un petit élevage de poules contre la variole aviaire

En France, il existe deux vaccins contre la variole aviaire : le vaccin vivant DIFTOSEC (Boerhinger Inghelheim) et le vaccin vivant recombinant VECTORMUNE FP ILT+AE (Ceva). Ce dernier protège contre la variole aviaire (FP) contre la laryngotrachéite infectieuse (ILT) et l’encéphalomyélite aviaire (AE). La variole ayant lieu en général en fin d’été / début automne (saison des moustiques), les volailles devront être vaccinées quatre semaines avant.

Le DIFTOSEC peut être utilisé en vaccination urgence lors de signes cliniques de variole aviaire, car c’est une maladie d’évolution lente (3-4 semaines). Le VECTORMUNE FP ILT+AE ne doit pas être administré pendant la période de reproduction et pendant 4 semaines avant, car le virus vaccinal contre l’AE peut contaminer les poussins et provoquer l’apparition d’encéphalomyélite aviaire. Bientôt un nouveau vaccin sera disponible en France, il s’agit du VECTORMUNE FP ILT (Ceva), qui présente l’avantage de ne pas avoir la valence AE, et qui sera donc plus flexible d’utilisation.

Vacciner un petit élevage de poules contre les maladies respiratoires

Le coryza des volailles peut-être causé par plusieurs pathogènes, souvent agissant ensemble. Dans ce groupe, on compte le virus de la bronchite infectieuse, le virus de la laryngotrachéite infectieuse, le virus de la rhinotrachéite infectieuse, les bactéries Mycoplasma gallisepticum, Mycoplasma synoviae, Escherichia coli et Avibacterium paragallinarum. Il existe en France des vaccins efficaces et à prix très abordables, pour prévenir les maladies respiratoires. Pour choisir les vaccins adaptés à votre élevage, il est fortement conseillé de discuter avec vétérinaire pour établir un diagnostic des agents infectieux qui cause des problèmes.

Les vaccins vivants protégeant contre les maladies respiratoires peuvent être administrés par la méthode goutte dans l’oeil. Très facile d’utilisation, cette méthode est donc très bien adaptée aux petits élevages de poules. Il suffit de mettre une goutte de vaccin reconstitué contenant une dose dans l’oeil ou la narine de la poule à l’aide d’un compte goutte.

Vaccination contre la coccidiose

Il y a plusieurs vaccins autorisés en France. Fabriqués à partir de souches atténuées d’Eimeria, ils produisent moins d’ookystes (œufs de coccidies). Le vaccin protégera uniquement contre les espèces d’Eimeria qu’il contient et aucune protection croisée n’est possible. La vaccination peut se faire par gavage après l’éclosion. L’immunité commence deux semaines plus tard et couvre toute la période à risque. Malheureusement, conditionnés en flacon de 1000 doses et plus, ces vaccins sont pour l’instant souvent inadaptés pour vacciner un petit élevage de poule.

Attention, l’utilisation des vaccins coccidioses est à double tranchant. Mal administré et la coccidiose resurgit entre deux et troissemaines après la vaccination. Si vous avez un doute, contacter votre vétérinaire qui pourra vous conseiller sur la meilleur méthode de protection de vos poussins contre la coccidiose pour votre élevage : vaccination, anticoccidien chimique ou à base d’huiles essentielles naturelles.

La vaccination contre la maladie de Gumboro

Le plan de vaccination contre la maladie de Gumboro varie selon la zone et le degré d’infection : dans les cas où le niveau d’infection est faible, les oiseaux peuvent développer une immunité et il n’y a pas besoin de vacciner.

Si la maladie de Gumboro pose problème, la vaccination est la méthode de contrôle la plus efficace, soit par la vaccination des parents reproducteur, soit par la vaccination directe des poussins. Le plan de vaccination consiste à fournir une protection passive aux poussins en train d’éclore avec un vaccin inactivé administré aux reproducteurs 6 semaines avant le début de la saison de reproduction, suivi d’une immunisation active des poussins avec deux vaccins vivants distribuer dans l’eau de boisson entre 7 et 28 jours d’âge.

Quel programme de vaccination utilisé

Heureusement, un propriétaire n’a pas besoin de vacciner les poules contre toutes les maladies existantes. Il faut donc cibler les maladies contre lesquelles la vaccination apportera un bénéfice. Discuter avec un vétérinaire permet d’évaluer les risques d’exposition aux agents pathogènes. Les cheptels « fermés », c’est-à-dire qui n’introduisent pas de nouveaux animaux et qui ne participent pas aux expositions présentent un faible risque d’apparition de maladies.

En pratique, il faut envisager de vacciner un petit élevage de poules si :

  • Il y a des antécédents de maladies
  • Il y a souvent contact entre les poules et d’autres oiseaux, avec des oiseaux sauvages ou lors d’expositions avicoles, ou lors d’introduction de nouveaux animaux.

Tableau 2. Exemple de programme vaccinal assez complet pour un élevage de poules d’ornement

Vacciner un petit élevage de poules a pour but de prévenir l’apparition de maladies infectieuses.

Règles de base pour vacciner un petit élevage de poules

  1. Manipuler les vaccins avec précaution. Protégez-les de la lumière directe du soleil et de la chaleur.
  2. Lire systématiquement la notice du fabricant pour connaître la voie et l’âge d’administration.
  3. Ne vacciner que les poules âgées de plus de 10 jours. Vacciner plus tôt ne produira pas d’immunité durable. Les seules exceptions sont le vaccin contre la maladie de Marek et le vaccin contre la coccidiose.
  4. Ne pas vacciner les oiseaux malades. Il existe des exceptions, par exemple la variole aviaire et la laryngotrachéite infectieuse. Contacter votre vétérinaire pour être bien conseiller.
  5. L’eau utilisée pour la vaccination ne doit pas contenir de désinfectant. Ils détruisent les vaccins vivants. L’eau du robinet doit être proscrite car elle contient du chlore.
  6. Désinfecter tous les outils utilisés après la vaccination pour éviter une transmission accidentelle de maladies à d’autres poules.
  7. Vacciner l’ensemble de votre troupeau en même temps, pour constituer une solide immunité collective.
  8. Ne pas vacciner vos poules avec des vaccins vivants contre une maladie qui n’est pas présente dans l’élevage. Vous risquez d’introduire un nouveau pathogène dans le cheptel. Certaines vaccins vivants ont la capacité de récupérer leur virulence après plusieurs passages entre les poules.

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* Information sur l’auteur

Alexis Kiers est le fondateur de Dr Bassecour vétérinaire. Il a consacré la majeure partie de sa carrière à la médecine des volailles.