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​Grippe aviaire – Que faire pour protéger les volailles, les élevages et les éleveurs ?

Alors que la grippe revient tous les ans maintenant, il est temps de revoir les pratiques et la réglementation « grippe aviaire » en France et en Europe. Cet article a pour objectifs de revisiter les mesures principales à prendre pour protéger ses volailles contre la grippe aviaire, et de discuter sur les raisons de l’importance de cette maladie, des conséquences de la réglementation en vigueur et de l’enregistrement probable en France de nouveaux vaccins contre cette maladie.


Écrit par le Dr. Alexis Kiers vétérinaire *

Révision le 13 février 2022

Canards de bassecour

Canards de races patrimoniales chez un éleveur amateur
© A. Kiers – Dr Bassecour vétérinaire

Mesures pour protéger ses volailles contre la grippe aviaire

Puisque la vaccination n’est toujours pas envisageable pour la majeure partie des élevages et propriétaires de volailles, les seules mesures possibles pour protéger ses volailles contre la grippe aviaire sont celles qui renforcent la « biosécurité ». Il y a 5 mesures de biosécurité principales que chacun peut mettre en place à la maison :

1) Éviter les arrivées de nouvelles volailles et assurer une quarantaine de minimum 15 jours en cas d’introduction.

2) Surveiller la santé des volailles

  • Connaître les principaux signes évocateurs de l’influenza aviaire

3) Éviter les contacts humains avec vos volailles et particulièrement

  • Les visites de gens qui pourraient être des vecteurs passifs du virus,
  • La manipulation des volailles.

4) Éviter les contacts avec d’autres oiseaux

  • Pas d’échanges avec d’autres bassecours,
  • Si votre élevage a un lien géographique ou familial avec un élevage commercial, il faut être très vigilant,
  • Pas de contact avec les oiseaux sauvages ; Protéger les mangeoires, parcours/enclos couverts d’un filet.

5) Renforcer le nettoyage du poulailler

  • Se laver les mains en rentrant et en sortant,
  • Mettre une tenue spécifique (chaussures ET blouse) pour nettoyer et visiter le poulailler,
  • Chaque semaine, tout le petit matériel accessoire du poulailler, dont les cages de transport, doit être nettoyé et désinfecté en même temps que le poulailler,
  • Enlever le maximum de matière organique (nettoyage) avec un détergent et une brosse ou un karcher avant de faire la désinfection,
  • Utiliser un désinfectant virucide homologué aux doses recommandées. L’eau de javel fonctionne après un bon nettoyage.
  • Ne transportez pas les fientes et la litière hors de l’élevage. Gardez-les éloignées des volailles,
  • Ne jeter pas les cadavres dans la poubelle de déchets ménagers.

Signes évocateurs de la grippe aviaire hautement pathogène

Contacter votre vétérinaire (ou Dr Bassecour !) en cas de doutes.

  • Prostration, plumes ébouriffées, arrêt de l’alimentation,
  • Possible coloration bleutée de la peau et des muqueuses
  • Œdème de la tête
  • Hémorragies et petites taches de sang sous la peau
  • Possible diarrhée verdâtre
  • Mortalité soudaine d’un ou plusieurs individus dans le poulailler.
Pattes de poulets infectés à IAHP montrant des hémorragies de la peau.

Pattes de poulet atteints de grippe aviaire HP: suffusions hémorragiques cutanées
© USDA APHIS May 2011 – Domaine public

Pourquoi la grippe aviaire est une maladie si importante ?

Deux raisons originelles ont poussées les autorités nationales et internationales à considérer la grippe aviaire comme une maladie d’importance cruciale :

    1) le potentiel des virus hautement pathogènes à se propager rapidement et causer une maladie sévère et des pertes d’animaux très importantes dans les élevages de volailles,
    2) la possibilité (extrêmement faible) qu’un virus influenza crée une pandémie chez l’homme.

Une troisième raison, économique et commerciale, s’ajoute aux deux autres. En effet, il est aujourd’hui interdit pour un pays avec un cas de grippe aviaire hautement pathogène d’exporter des volailles vivantes ou de la viande de volaille. L’IAHP (Influenza Aviaire Hautement Pathogène) a donc un impact économique très conséquent sur les échanges commerciaux.

Réglementation grippe aviaire : stratégies

Les pays européens ont choisit la « stratégie biosécuritaire » pour contrôler la grippe aviaire : surveillance, confinement et éradication. Les oiseaux sauvages morts ou malades sont testés systématiquement ainsi que tous les élevages de canards. Lorsqu’un virus IAHP est trouvé, tous les élevages de volailles, petits ou grands, situées dans un périmètre de 10 km autour du foyer sont confinés, mis en quarantaine et testés. Tous les animaux positifs ou suspects sont abattus, afin d’éradiquer le virus. Lorsque le nombre de cas augmente, et que le pays passe en statut « risque influenza élevé », toutes les volailles françaises doivent être confinées : les canards, les poulets label, les poules pondeuses plein air, les bassecours, les appelants, etc…

Cette stratégie est acceptable si le nombre de cas de grippe aviaire reste bas. Or, ce n’est plus le cas. En cinq ans, la France a compté un peu plus de 1000 cas de grippe aviaire hautement pathogène, dont 89 % en fermes commerciales, 3 % dans les bassecours et 9 % dans la faune sauvage.

Réglementation grippe aviaire : conséquences

Les conséquences sont dramatiques pour tous les propriétaires de volailles :

  • Pour tous les professionnels, la surveillance et l’éradication de millions de volailles est inconcevable en termes de bien-être animal, très dur psychologiquement et coûte des sommes astronomiques,
  • Pour les petits producteurs plein air, le confinement obligatoire de leurs animaux est un non-sens économique et conceptuel. Il affecte grandement le bien-être de leur volailles car ces dernières développent d’autres maladies liées au confinement,
  • Pour les éleveurs amateurs passionnés et garant de la biodiversité des races de volailles anciennes et patrimoniales, la réglementation entraîne l’interdiction des expositions avicoles. Ces expositions étant le poumon social et économique de cette activité, c’est tout un pan de l’histoire agricole de notre pays qui pourrait ainsi disparaître,
  • Les chasseurs éleveurs de canards appelants ne peuvent plus assouvir leur passion ancestrale,
  • Les particuliers s’inquiètent.

Peut-on vacciner et protéger les volailles contre la grippe aviaire ?

Les vaccins contre les virus influenza aviaires existent et sont efficaces à condition que la souche du virus vaccinal corresponde avec la souche du virus sauvage. Un virus vaccinal trop éloigné de la souche sauvage protégera très mal les oiseaux. En France, seul un vaccin est autorisé sous certaines conditions très spécifiques. Il est malheureusement issu d’une souche isolée en Pologne en 1986 et très éloigné génétiquement des virus actuels. Il protège donc très mal et donne un faux sentiment de sécurité aux utilisateurs.

Pourtant, des vaccins fabriqués avec des virus récents existent. Ils sont utilisés couramment avec une bonne efficacité en Chine, Egypte, Indonésie, Vietnam, Hong Kong. Ils sont aussi autorisés aux Etats-Unis.

Pourquoi pas de vaccination grippe aviaire en France ?

Parce que c’est une décision qui risque de coûter cher aux exportateurs. En effet, la réglementation du commerce mondiale de volailles repose en grande partie sur le statut positif ou négatif des effectifs à quelques maladies, dont la grippe aviaire. Jusqu’à présent en France, la balance décisionnelle tournait en la faveur des exportateurs. Récemment, parce que la stratégie biosécuritaire a échouée de manière répétée, il est question d’assouplir la réglementation. L’accès, notamment, à de nouveaux vaccins efficaces permettra de passer à une stratégie mixte « Biosécurité et Vaccin ». Les conditions d’administration de ces vaccins ainsi que les présentations disponibles et les nom des laboratoires fabricants n’ont pas encore été décidés.

Références disponible sur demande.

Pour plus d’informations sur la grippe aviaire et notamment son origine, ses mécanismes de transmission et les mesures de biosécurité, allez voir un article du même auteur sur le site de Magalli.

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* Information sur l’auteur

Alexis Kiers est le fondateur de Dr Bassecour vétérinaire. Il a consacré la majeure partie de sa carrière à la médecine des volailles.