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Contrôle durable du pou rouge des volailles

La lutte intégrée préventive contre le pou rouge des volailles est la seule stratégie qui permet de contrôler durablement cet acarien dans les petits élevages.

Ses étapes clés sont la mise en place préventive et simultanée de 3 traitements non chimiques ainsi que des pièges pour évaluer l’infestation réelle.

Écrit par le Dr. Alexis Kiers vétérinaire *

Révision le 18 août 2021

Poux rouges sur des planches d’un poulailler, visibles après démontage

Poux rouges sur des planches d’un poulailler, visibles après démontage

© A. Kiers – Dr Bassecour vétérinaire

Lutte intégrée préventive contre le pou rouge des volailles pour améliorer la durabilité des petits élevages

Le pou rouge des volailles est un acarien qui se nourrit du sang des volailles la nuit.

Lorsque plusieurs milliers de poux rouges se nourrissent sur une poule, ils affectent sa santé et son bien-être. Il est déjà l’ennemi public numéro un des élevages de volailles amateurs, des petits producteurs et des bassecours. Probablement qu’il le restera à cause du réchauffement climatique qui favorise sa multiplication. Parce qu’ils polluent l’environnement, la seule utilisation de pesticides chimiques n’est pas une solution acceptable pour contrôler les infestations dans les poulaillers. La lutte intégrée préventive contre le pou rouge des volailles est la seule stratégie qui permet de contrôler durablement cet acarien dans les petits élevages. Ses étapes clés sont la mise en place simultanée et en préventif d’au moins 3 traitements non chimiques ainsi que des pièges pour évaluer l’infestation réelle.

Sa couleur varie du gris blanc au noir, en passant par le rouge

Ce parasite externe des volailles est un gros acarien de 1 mm qui peut se voir à l’œil nu à condition de savoir où regarder. Il devient rouge vif lors de l’ingestion du sang, puis se décolore au cours de la digestion. Ainsi il passe par le rouge foncé, le noir, le marron, et enfin poivre et sel quand la digestion est terminée. Leurs excréments aussi sont poivre et sel et se voit à l’œil nu.

Où le trouver?

Il passe la grande partie de sa vie dans les crevasses et autres petits recoins sombres du poulailler. On le trouve habituellement agrégé en colonie de plusieurs centaines à plusieurs milliers d’individus autour des endroits de repos des volailles. Pour le trouver, il faut le chercher entre la perche et le poteau qui la porte, dans les fissures, entre les planches de bois et sous des portions sèches de fiente de poule.

Comment trouve t-il ses victimes?

Ses victimes sont surtout les oiseaux dont les poules et les volailles de bassecour, mais on l’a vu sucer le sang de chevaux, de rongeurs et d’humains, surtout lorsque des oiseaux vivaient à proximité. Le pou rouge les localise en suivant des signaux provenant de la volaille : température, signaux chimiques, vibrations et gaz carbonique. Il se nourrit quand il fait noir, donc souvent la nuit lorsque les poules sont tranquilles en train de dormir. Une fois sur l’hôte, le pou ne reste qu’une heure environ, juste le temps de manger son repas de sang. Un pou ne mange qu’une fois tous les 2-4 jours. Seules les femelles mangent pour produire leurs œufs, les larves ne mangent pas et les mâles très rarement.

Dans des conditions favorables, le cycle complet de l’oeuf à l’adulte ne dure qu’une semaine.

Une semaine, c’est aussi le temps nécessaire pour doubler la population de poux rouges dans un poulailler. Ainsi, on peut arriver très rapidement à une population de 50,000 individus par poule, chiffre critique pour son bien-être et sa santé. Un pou peut survivre jusqu’à 8 mois sans manger, ce qui est en fait un des parasites des volailles les plus difficiles à contrôler. Il se multiplie particulièrement bien lorsque la température est entre 10ºC et 35ºC et quand l’hygrométrie est supérieur à 70 %. Les fortes pluies dans le nord et l’est de la France des mois de juin – juillet 2021 ont créé des conditions idéales pour sa multiplication.

Cycle de vie du pou rouge dans des conditions favorables

Dans des conditions favorables, le cycle de vie du pou rouge ne dure que 7 jours.
(Image extraite de Sparagano O, et al. 2014. Annu. Rev. Entomol. 2014. 59:447–66)

Ennemi public numéro 1

En raison de l’aggravation du réchauffement climatique et de l’augmentation de sa résistance contre les acaricides, le pou rouge des volailles restera un problème majeur dans les élevages dans les années à venir. En effet, il est déjà présent dans tous les pays du monde. En France, plus de 60 % des éleveurs amateurs et propriétaires de bassecours français déclarent avoir des problèmes avec cet acarien. Ce parasite externe contamine les poulaillers surtout via l’échange et l’achat d’animaux et de matériels. Les conséquences de l’attaque des poux sur les volailles sont multiples et parfois catastrophiques :

  1. Les piqûres engendrent du grattage et du déplumement, de l’agitation, de la nervosité, du stress, voire du picage entre les volailles.
  2. Moins d’oeufs sont pondus, les œufs sont plus fragiles et peuvent être tachés par les poux écrasés sur les coquilles.
  3. Jusqu’à 3 % du sang d’une poule peut être perdu en une seule nuit, ce qui provoque de l’anémie. A la longue, la poule peut mourir saignée à blanc.
  4. Plusieurs maladies bactériennes et virales sont transmises par ces acariens telles que les salmonelles, les pasteurelles, la maladie de Lyme et la variole aviaire.

 

Éviter l’utilisation de pesticides chimiques

Utiliser seulement des pesticides chimiques de synthèse est une tactique « simple » mais qu’il faut bannir parce qu’elle présente plusieurs problèmes majeurs. Les poux rouges des volailles sont souvent déjà résistants contre ces produits ; ensuite, ils sont toxiques pour les humains donc il faut les utiliser avec des gants et des masques respiratoires ; leur utilisation engendre des résidus de produits chimiques qui restent plusieurs jours dans les œufs et la viande ; et enfin, ils polluent l’environnement et diminuent la biodiversité, car ils tuent et intoxiquent la micro-faune bénéfique des jardins et des parcours (abeilles, bousiers, lombrics, etc.). En résumé, les pesticides chimiques ne fonctionnent pas toujours pour éliminer les poux rouges des volailles mais ont toujours des effets négatifs sur les santés humaines, animales et environnementales. Ils doivent donc être évité autant que possible et n’être utilisé qu’en dernier recours.

 

Pour contrôler durablement ce parasite, la lutte intégrée préventive contre le pou rouge des volailles est la seule stratégie qui existe.

C’est-à-dire éviter des problèmes aux volailles et en n’utilisant pas ou un minimum de pesticides chimiques. Il est nécessaire de commencer à agir en préventif, avant de voir les poux, parce qu’ils se multiplient très vite. Les huit étapes de cette stratégie sont détaillées ci-dessous :

  1. Entretenir régulièrement le poulailler: réparer et boucher toutes les crevasses et fissures du poulailler et des équipements ; nettoyer quotidiennement le poulailler pour éliminer les fientes dans lesquelles les poux vivent et pondent leurs œufs.
  2. Éviter de faire rentrer des poux principalement via l’achat de nouvelles volailles, d’œufs et de matériels.
  3. Évaluer le nombre de parasites avec des pièges à poux et surveiller l’évolution.
  4. Utiliser une combinaison d’au moins trois traitements non-chimiques telles que des perches électriques, des produits répulsifs à base de plantes, des produits immunitaire à mettre dans l’eau de boisson, des prédateurs naturels des poux, des produits à base de silice, de l’huile, brûler le poulailler au chalumeau (sans y mettre le feu !).
  5. N’utiliser les pesticides chimiques qu’en dernier recours, et seulement si tout le reste ne fonctionne pas.
  6. Minimiser l’impact environnemental des pesticides en utilisant un minimum de produits et en limitant l’exposition de l’environnement aux pesticides.
  7. Prévenir l’apparition de résistances contre les pesticides en évitant le sous-dosage des produits.
  8. Compter et noter le nombre de poux capturés dans les pièges à poux, grâce aux méthodes de surveillance (étape 3), toutes les semaines, au moins à partir du printemps pour évaluer le succès des techniques utilisées, pour décider d’une action préventive à mettre en place et pour améliorer le contrôle des poux rouges lors de la saison si besoin.

En conclusion

Le pou rouge est probablement le parasite des volailles le plus difficile à contrôler aujourd’hui. Cet acarien suceur de sang provoque une anémie, ayant pour conséquence une chute de ponte, des œufs fragiles, et même parfois des morts subites. A cause du réchauffement climatique qui favorise sa multiplication, ce parasite restera un problème majeur des petits élevages dans les années à venir. La seule stratégie existante pour contrôler durablement sa population dans un poulailler est la lutte intégrée préventive contre le pou rouge des volailles. Ses étapes clés sont la mise en place simultanée et en préventif d’au moins 3 traitements non chimiques ainsi que des pièges pour évaluer l’infestation réelle.

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* Information sur l’auteur

Alexis Kiers est le fondateur de Dr Bassecour vétérinaire. Il a consacré la majeure partie de sa carrière à la médecine des volailles.